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Bienvenue sur mon blog Accueil Business Gouvernance Nos Publications & Ecrits Entertainment News Bonne gouvernance : des prix et des non-prix Contact La mal gouvernance politique et économique des dirigeants africains s’explique-t-elle par des facteurs culturels ? 26 10 2009 L es peuples d’Afrique continuent à souffrir de bien des maux et s’acharnent pour bien des raisons, à accuser la mal gouvernance de leurs dirigeants. Bon nombre d’africains ont du mal à comprendre le « paradoxe économique » expliqué d’une part par l’abondance des ressources économiques et d’autre part par la pauvreté dégradante du continent noir. C’est ici que naissent des interrogations cruciales relatives à la politique, à la gouvernance et à la démocratie. En effet, nous nous interrogeons si les facteurs culturels ont leur part d’explication en regard de la mal gouvernance des dirigeants africains. Autrement dit, la culture constitue-t-elle un frein au leadership et à la gouvernance des dirigeants africains ? Pour mieux articuler notre réflexion, nous allons nous atteler sur la notion de leadership comme « politique » de base de tout développement économique nationale, ensuite pointer du doigt les indicateurs culturels susceptibles d’être responsables de la mal gouvernance en Afrique. Conclure enfin, en ouvrant de pistes de réflexions. 1 . La « politique » comme base du développement économique nationale. Il nous faut placer le leadership, comme politique, à la base de tout développement économique avant de mesurer l’implication de la culture dans la gouvernance des dirigeants africains. Nous référant à l’étude faite par l’équipe de chercheurs camerounais [1] sur les leaders africains, nous pouvons concevoir le leadership à travers une série d’attributs et d’indicateurs nous permettant, dans la deuxième partie de ce travail, de saisir le contraste et de nous rendre compte de l’implication de la culture dans la mal gouvernance des dirigeants africains. En effet, des compétences que l’on peut juger universelles sont à la base de toute réussite en matière de développement. La qualité de la vision politique qui comporte l’originalité et la puissance, la hauteur de vue et la pertinence des idées, la capacité à articuler les problèmes nationaux dans une perspective africaine doit être le premier critère pour apprécier le profil du dirigeant africain. Ensuite vient la qualité de la stratégie, comportant la cohérence du programme de gouvernement, le réalisme et l’efficacité, et le rejet du populisme. La capacité de mise en place et en œuvre des plans et programmes d’action doit se concrétiser dans la pertinence des principales mesures, dans l’efficacité et la validité des mesures contenues dans le programme, dans la couverture nationale du programme et la capacité à produire régulièrement des idées nouvelles. Les talents personnels de chaque dirigeant doivent comporter l’intégrité et la moralité, les talents d’orateur et la capacité à convaincre, le degré de popularité et le pouvoir de mobilisation, la capacité à attirer des cadres au sein de son mouvement, la capacité à séduire le secteur privé, l’entretien des relations avec les bailleurs de fonds internationaux, la capacité à travailler efficacement avec les ONG, la volonté d’intégrer la jeunesse dans la vie politique, la volonté d’intégrer les femmes dans la vie politique, la capacité à anticiper et à résoudre les problèmes avant qu’ils ne se les posent, la capacité à négocier, la capacité à se remettre en cause et à se renouveler. Si tel est l’aperçu que l’on peut avoir du leadership et de la gouvernance en général, les attitudes des dirigeants africains s’inscrivent-elles dans cette logique ou s’en éloignent à cause des facteurs culturels ? 2. La culture, un des facteurs explicatifs de la mal gouvernance en Afrique Dans son livre « Culture africaine et gestion de l’entreprise moderne », ZADI KESSY attire l’attention des leaders et des managers africains sur certains aspects culturels susceptibles de freiner le développement de toute entreprise. « Les difficultés de gestion rencontrées par les entreprises sont […] dues, en partie, à l’influence d’un système social traditionnel qui, même s’il est aujourd’hui désorganisé, a un poids déterminant sur les mentalités. Cela est d’autant plus vrai que la plupart des Africains restent encore très attachés à leur village et aux affaires traditionnelles, même dans les milieux urbanisés, industrialisés et instruits. [2] » En fondant notre réflexion sur les différents paramètres constituant le leadership de chaque dirigeant et sur cette déclaration de ZADI Kessy, nous nous rendons compte que certains éléments de la culture africaine, ou mieux des cultures africaines, s’opposent aux principes standards susmentionnés. En effet, l’incapacité à préparer et à anticiper le long terme que l’on remarque chez certains dirigeants africains explique leur manque de vision et de pertinence d’idées. Les cas des fléaux et pandémies chroniques s’abattant systématiquement sur les populations illustrent bien cela. Le manque de vision du leader ne conduit pas les peuples à s’ouvrir au monde extérieur. D’où la tendance nationale à se recroqueviller en fermant les portes aux investisseurs internationaux. Si des pays africains ont encore du mal à vivre l’alternance, c’est parce que des attitudes traditionnelles telles le communautarisme, le népotisme, l’égoïsme familial ainsi que clientélisme continuent à faire écran et empêchent le réel développement socio-économique. La solidarité et l’esprit de convivialité, considérés longtemps comme valeurs africaines, se métamorphosent au fil des temps en contre-valeurs. L’africain qui s’est longtemps occupé des membres de sa famille maintient la même attitude lorsqu’il arrive au pouvoir. D’où la gouvernance sinistrée. La dictature, cause de la conception traditionnelle d’une autorité à vie ou pour toujours, héritage reçu de la tradition ethnique ou familiale, s’oppose totalement aux principes de démocratie qui veulent que le peuple ait sa part de pouvoir dans la politique et la gouvernance. L’africain, renommé par sa sociabilité, se sent contrarié, voire humilié lorsqu’il s’agit de discuter ou de dialoguer avec ceux qui ne sont pas de la même ethnie, de la même religion, de la même opinion politique que lui. La difficile intégration de la notion d’intérêt général continue à faire défaut. L’irrésistance vis-à-vis de la pression ethnique, familiale, partisane et amicale se vit au quotidien. La tendance souvent inconsciente, à vivre dans l’opulence, ne fait que creuser le fossé entre les leaders et les peuples. Les sociétés africaines étant généralement hiérarchisées, le chef est respecté et craint. Il ne peut pas être contredit par ses subordonnés. Dès lors, se remettre en cause devient presque impossible pour certains leaders. Les sociétés traditionnelles se sont construites à travers une conception de l’« aîné » comme le « sage du village », donc tout puissant, exempt d’erreur. Une telle conception s’applique à la gouvernance politique et toute procédure démocratique devient de facto fastidieuse. Bien que certains aspects des cultures africaines expliquent la mal gouvernance de quelques dirigeants africains, d’autres facettes de ces mêmes cultures constituent un levier puissant pour le développement économique de beaucoup de pays d’Afrique. En marge de ces valeurs et contre-valeurs culturelles, on n’oublie souvent que les compétences intellectuelles (rigueur dans le travail, cohérence, logique, pertinence…) se trouvent à la base de toute réussite en matière de gestion et de gouvernance. Bref, tout ne s’explique pas par des facteurs culturels. Il existe d’autres facteurs internes et externes qui poussent certains dirigeants africains à adopter de faux ou mauvais principes de gouvernance et de gestion. Rappelons au terme qu’aucune culture ne peut à l’heure actuelle, se développer en autarcie ou en vase clos. Toute culture est appelée à l’interdépendance et doit être app